CASTILLO

CASTILLO fait partie de ces spectacles-expériences où le ressenti et le sensible prennent le pas sur la narration. La danseuse unique de cette pièce, Jana Castillo, est atteinte d’un trouble du mouvement dont Prue Lang fait le pivot. Textures inédites tactiles, sonores ou visuelles, cette pièce en trois volets fait appel de manière immédiate à notre intelligence sensorielle.

L’« intelligence physique», pour la chorégraphe australienne Prue Lang, est une notion que la danse est plus susceptible que toute discipline d’explorer. Dans CASTILLO, sa recherche en la matière prend la forme d’un solo dansé par l’artiste éponyme : Jana Castillo, avec qui Prue Lang a déjà pu amorcer un langage commun sur sa précédente création. Structuré en trois parties toutes précédées de vidéos qui nous font entrer dans la « fabrique » du spectacle, le portrait de l’interprète est aussi en quelque sorte celui de la chorégraphe, et surtout de sa méthode singulière. Atteinte de dystonie, trouble qui se caractérise par des contractions musculaires involontairement prolongées, Jana Castillo partage avec sa metteure en scène une sensibilité aiguë à la question de la neurodiversité. C’est là l’une des matières du solo, marqué aussi par une réflexion commune sur la taxonomie du toucher, ou encore par l’utilisation comme outil de création du « Theraputty », pâte à malaxer thérapeutique ouvrant le danseur à de nouvelles sensations.  

Texte : © Anaïs Heluin

Photo: © Anne Moffat