Age of Content

Avatars de plus en plus réalistes, filtres photographiques lissants : les frontières entre corps réels et virtuels se diluent. (LA)HORDE fait de cette zone trouble son nouveau territoire d’exploration critique. Perdu dans un territoire énigmatique qui emprunte autant au bunker qu’à l’entrepôt industriel ou au paysage de falaises, un individu tombe nez-à-nez avec d’autres versions potentielles de lui-même. Au cœur de cette scénographie monumentale, témoin mélancolique des états d’âmes et de corps de ceux qui l’habitent, une bagarre digne des meilleurs films d’action s’engage. S’élançant de ce bug initial, cette faille dans la machine, (LA)HORDE poursuit avec cette nouvelle création pour le Ballet national de Marseille, son exploration de l’intrication de nos vies, réelles et virtuelles. Car à l’âge du contenu, et de sa surabondance, les frontières sont bien moins étanches qu’elles n’y paraissent.

Empruntant aux esthétiques Internet du détournement, de l’accumulation et du collage, glissant de l’étrangeté familière des mouvements d’un personnage de GTA à un mash-up de chorégraphies Tik Tok, le collectif érige l’art chorégraphique en outil de mise à distance critique. Et investit plus que jamais la scène comme un espace de transgression au pouvoir de désenvoutement.