À l’infini

Déclinant dans le temps une même obsédante recherche, Lucinda Childs et Nacera Belaza étoffent de pièces en pièces une écriture hypnotisante. Dans une obscurité partagée, elles jouent chacune de répétitions et de variations qui viennent troubler nos perceptions. Avec son emblématique Concerto, la grande dame de la post-modern dance opère un tour de force de virtuosité et de complexité. Dans l’écriture savante des lignes, trajectoires et formations géométriques que les interprètes du Ballet construisent, l’entêtante composition pour clavecins et cordes d’Henryk Górecki se matérialise sous nos yeux. Quand Lucinda Childs invite les danseuses et danseurs à façonner l’espace, Nacera Belaza les exhorte à se décentrer. Depuis le vide et un non-savoir revendiqués, la plus existentialiste des chorégraphes françaises ouvre avec eux une nouvelle voie lors de cette création pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, afin de mettre en partage le mystère de l’aventure des corps au monde. Aux côtés des pièces de ces deux créatrices, Self Duet de Noé Soulier, « pas de deux avec soi-même » selon les mots du chorégraphe, explore des thématiques similaires : la frontière entre extériorité et intériorité, entre soi, l’autre et ce qui nous entoure.