Nomad

Sidi Larbi Cherkaoui reconstitue une mosaïque d’éléments animés et inanimés du désert. Les danseurs livrent un aperçu de la fluidité de la faune et de la flore qui prospèrent dans les conditions les plus rudes, de la majesté des paysages (les dunes de sable et les vents), des lumières, de l’intensité de la soif qu’elle soit physique ou affective, et, par-dessus tout, de l’esprit de communauté, clé de la survie dans un monde aride qui serait insurmontable seul.

Chorégraphe voyageur par excellence, Sidi Larbi Cherkaoui n’a de cesse d’enregistrer les mouvements du monde avec ses interprètes : hier installé à Anvers, il est aujourd’hui à Genève. Nomad est un de ses projets récents les plus acclamés. Pour le créateur, il s’agit de reconstituer « une mosaïque d’éléments animés et inanimés du désert ». La danse, fluide et technique, va dès lors s’adapter aux conditions que ce soient le vent, la sécheresse ou le sable. Une image du désert habite le fond de scène, « métaphore de la liberté ultime, mais aussi de l’impossibilité de survivre ». L’imagination de Sidi Larbi Cherkaoui fera naître ainsi une série de tableaux sur la partition de Felix Buxton autour de cet esprit de « convivialité, d’amitié et de symbiose ». La danse, (plus que tout autre) a certainement beaucoup à dire sur ce vivre et lutter ensemble. Aux accents d’un monde fragilisé par l’homme, Sidi Larbi Cherkaoui oppose la beauté de l’art en mouvement. Nomad porte cet espoir. 

Texte : © Philippe Noisette

Photo : © Filip Van Roe