Andy De Groat : retour en images
Portfolio
Personnage noble et sauvage, « à la fois drôle et féroce » selon certains, chorégraphe génial et déroutant, exigeant voire capricieux pour d’autres, ou encore « chevalier à l’inquiétude jamais lassée » : Andy De Groat (1947-2019), l’homme comme l’artiste, se laisse difficilement saisir d’une seule formule. Non pas qu’il soit un être de synthèse, bien au contraire, mais parce que – de quelque côté qu’on veuille l’envisager –, un trait, une facette, une pièce, un souvenir laissé vient aussitôt démentir l’idée qu’on se faisait de lui, la couleur qu’on lui attribuait, la qualité qu’on trouvait la plus juste pour le définir.
C’est qu’Andy De Groat savait être, était, contradictoirement, plusieurs êtres à la fois : fasciné par le répertoire classique et goûtant également l’imaginaire baroque ou certaines radicalités modernes ; tour à tour minimaliste et flamboyant ; presque lyrique ici, et là, s’affichant tout en abstraction ; saisi dans telle œuvre par la contrainte combinatoire quand ailleurs, il l’était par les impératifs d’un récit ou les traits de divers personnages.
Chez le créateur, metteur en scène de corps mais tout autant d’« idées », à la façon mallarméenne, ont concouru les sources textuelles et les sources iconographiques, l’idéal d’une poétique sophistiquée, irréductible, et le goût d’une fantaisie généreuse et potache, la recherche de la forme et la tentation du commentaire. De l’homme, on a pu connaître la passion ou l’indifférence, la tendresse ou la colère, l’humilité de l’enfant sage et les humeurs de l’enfant gâté, la mélancolie et le sarcasme.
Laurent Sebillotte